« Chercher la vérité et la dire » – William Reich

Tranche de Survie

« Chercher la vérité et la dire » – William Reich

Hélène Ben Attar Fernandez – 1995

Tout d’abord, un mot pour t’exprimer ce que mon cœur pense de tes années « cauchemar » : je les hais. Mais cette haine inhumaine, je ne la supporte que parce que de l’autre côté de mon cœur existe une grande place pour l’amour : l’amour que j’éprouve pour toi, mon cher papa juif. Nous y voilà. Non, je ne crois pas en Dieu, non, je ne prie pas, mais par combat contre l’injustice sociale et humaine, contre ceux qui me défendent de le dire, je suis Juive. C’est aussi ce qui dans ma mémoire me relie à toi, aux tiens et à tous ceux qui sont morts dans les camps d’extermination.

Je veux aussi dire que, malgré l’impuissance objective devant de graves problèmes d’humanité, ethniques ou sociaux, religieux ou politiques, nous ne devons jamais arrêter de chercher à savoir ce qui se passe autour de nous : ouvrons les livres d’histoire, restons curieux des événements contemporains, dénonçons sans relâche les injustices – et le mot doit être compris de la manière la plus forte.

Ouvrons les yeux, ouvrons la bouche, disons ce que nous savons ! Même si ceux que l’on fréquente savent, n’ayons pas honte de nous répéter. Peut-être arriverons-nous à faire savoir à d’autres…

N’était-il pas important pour toi, papa, de « survivre pour raconter », de savoir que « dehors, on savait » ?

Ne dit-on pas : « Un homme averti en vaut deux ? » Je forme le vœu que la non-indifférence fasse la différence.

Une autre note d’espoir pour terminer. Je suis heureuse d’avoir pour père un homme qui a choisi un 1er mai, jour rempli de symboles, pour commémorer le cinquantième anniversaire de sa libération. Merci de nous avoir à nouveau réunis.

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