Une visite à Auschwitz

Auschwitz 2

Une visite à Auschwitz

Hélène Fernandez Ben Attar, Judith Fernandez – 2018

Le 15 avril 2018, Judith et moi avons décidé d’aller visiter le camp d’Auschwitz-Birkenau.

La meilleure solution pour visiter Auschwitz en français est de prendre une visite guidée. Depuis Cracovie, plusieurs agences proposent des visites incluant le transport, ou d’autres encore sans le transport. Nous avons choisi la visite incluant le transport et un airbnb dans Cracovie, à l’entrée du quartier juif.

Nous voilà en touriste dans Cracovie, où , après un tour dans la ville, une pause apéritif et un dÎner à base de champignons, c’est la spécialité, nous rentrons.

Tout semblait bien aller. Mais voilà que soudain je me mets à être malade, du genre à passer la nuit dans les toilettes, assise parterre, tremblante, fébrile et livide. Judith dort et ne s’aperçoit de mon état que tard dans la nuit. Inutile de vous dire tout ce qui me traverse l’esprit. Il sera impossible pour moi d’effectuer la visite, même si nous avons choisi un ramassage à domicile pour « aller au camp ».

Judith me motive en me disant que « même malade, je dois y aller, quitte à rester dans la navette car sinon je le regretterais ».

Nous voilà donc parties, après cette nuit mémorable. Je suis exténuée, je dors à moitié, je me demande comment je vais pouvoir tenir debout. C’est sans compter sur la ténacité de Judith, qui me soutient. Car les visites sont à effectuer au pas de course et à chaque pas je me demande si je ne vais pas m’écrouler.

Lorsqu’on parle de visiter Auschwitz, on parle en réalité de trois camps. Le camp d’Auschwitz, c’est donc trois camps :

Auschwitz I : le camp de concentration avec son entrée « Arbeit macht frei » en allemand, « Le travail rend libre ».

Auschwitz II, appelé aussi Auschwitz-Birkenau : le camp d’extermination, où plus d’1 million de personnes ont été exterminées.

Auschwitz III, appelé aussi Auschwitz-Monowitz : le camp de concentration centré sur le travail forcé.

Et ces camps se situent à peu prés à 1h20 de Cracovie.

Après quelques explications, nous arrivons dans le musée où se trouvent les lunettes et les chaussures, notamment. Sans crier gare, me voici prise de nausées. Je pars en courant vers la première issue, suivie de près par Judith, et là, je vomis. A cet instant, je ne réalise pas la symbolique de cet acte. Nous reprenons la visite et rejoignons le guide au pas de course.

Mais j’ai une mission : écrire un mot et le glisser sous une pierre sur les rails. Ce mot, il dira : Georges a réussi et il a eu 5 enfants: Monique, Thierry, Fabrice, Béatrice et moi, Hélène, venue ici le 15 avril 2018.

Le mot que j’ai glissé sous les rails.

Je l’ai fait, mais ça a été très difficile, car tout est chronométré et surveillé. J’aurais voulu écrire que je suis venue avec ma fille, mais j’ai écrit ça sur le dos de Judith, en ayant quitté le groupe et cotonneuse. Nous les rejoindrons presque en courant car il fallait être à l’heure pour le retour qui s’est effectué, pour ma part, en dormant. Nous sommes arrivées dans la chambre vers 16 h et je me suis couchée jusqu’au lendemain matin. Judith est ressortie visiter un musée et dîner, mais seule. Je ne me suis aperçue de rien.

Merci Judith, d’avoir tout organisé et d’être venue avec moi pour voir ce sinistre endroit où tes arrières grands-parents sont restés mais d’où ton grand-père est sorti vivant. Ta vie, ainsi que la mienne, nous la devons à sa survie. Merci papa pour ton courage.

Quand je raconte ce voyage, beaucoup me disent que ce n’est pas un hasard si j’ai été malade. Personne n’accepte ma version : j’ai été intoxiquée par les champignons ! Mais qui sait, je veux bien croire que le hasard n’existe pas et qu’inconsciemment j’ai été malade. En tout cas, vomir dans le camp m’a bien plu, c’est tout à fait ce que m’inspire cet endroit. Je m’en souviens encore…

Malade, mais je suis allée rendre hommage.

Pour finir, j’aimerais dire que ce qui m’a le plus marquée, c’est l’immensité de l’endroit, dans une plaine découverte. Ça m’a vraiment impressionnée. Il n’était pas possible que les Polonais ne soient pas au courant. Et pourtant, à les entendre, ils ne savaient pas… J’en veux pour preuve la position polonaise qui dit, depuis 2018: « La Pologne vise à interdire l’expression « camps de la mort polonais » et toute implication de la « responsabilité ou coresponsabilité » des Polonais dans la mise en œuvre de la « solution finale ». Le Temps, 30 janvier 2018

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