A Georges, mon beau-père

Georges Ben Attar car

A Georges, mon beau-père

Jacques Goetschel, époux de Béatrice Ben Attar – 1995

Quand une vie se heurte à la souffrance qui la ronge et au malheur qui la hante ; quand une pensée se confronte à l’évidence éprouvée de la soumission des hommes ; quand l’âme s’éveille de cette lugubre certitude de l’abandon de l’homme par l’homme ; quand naît la conscience douloureuse de l’injustifié privilège d’avoir survécu à six millions d’âmes, la tâche du souvenir et de la transmission de l’incommunicable apparaît démesurée.

C’est pourtant et seulement là notre responsabilité en tant que Juifs mais toujours déjà en tant qu’Hommes, car telle est en chacun sa vocation messianique.

A Auschwitz, par ta conduite, tu as sauvé l’idée même de l’humain. Parce que tes pensées et tes actes y ont été possibles, ils sont devenus obligatoires : c’est là toute la dignité de l’Homme.

Sans jamais perdre l’espoir, sans pactiser avec la tentation de s’enfermer dans la souffrance et accuser le monde entier. Sans s’abandonner à la dérive du nihilisme universel et à la défaite de la pensée.

Il fallait, incompréhensiblement mais indéfectiblement, continuer une existence entamée par l’horreur, comme à un serment de fidélité au précepte biblique du choix de la vie afin que nous puissions, aujourd’hui comme hier et demain davantage encore, assumer ce témoignage qui a valeur d’espérance.

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