D’ombres et de Lumières

Tranche de Survie

D’ombres et de Lumières

« S’il est minuit dans le siècle »

André Fernandez, époux d’Hélène Fernandez, fils de François Fernandez – 1995

Il faisait noir dans cette période de l’histoire. Les uniformes étaient gris et noirs et nombreux. Les lueurs de l’espoir avaient disparu. Le soleil qui s’était levé à l’Est était mort. La lumière et la chaleur qui donnent l’envie de vivre avaient disparu. La neige devait être grise et froide à Auschwitz. Il faisait froid aussi l’hiver 1943 et l’hiver 1944 dans les Maquis cévenols. L’envie de vivre, c’était l’envie de survivre, pierre parmi les pierres, ombre parmi les ombres, « une heure obstinément ». Des millions ont sombré dans les ténèbres, dans l’indifférence des autres, souvent.

Pourtant, parfois de petites bougies vite éclairées, vite éteintes, ont pu vous réchauffer le cœur. Qui dira les liens tissés entre ceux qui échangent un mégot de cigarette, un bout de pain, une information, un encouragement ? Qui dira l’immense et chaude solidarité des regards échangés, entre vous les égaux de l’Holocauste, des fragiles mais formidables réseaux constitués au cœur même de l’enfer ?
Qui dira la solidarité du « pauvre monde des masures » écrasé sous les bombes ?

Aujourd’hui la lumière est revenue

Le souvenir de l’Holocauste sort enfin de la pénombre du non-dit. La mémoire des disparus est admise. La lumière de la connaissance progresse, l’information traverse le monde à toute allure. La lumière du ciel méditerranéen vous est due.

L’avenir en clair-obscur

Le devoir de mémoire nous est assurément imposé à nous, la génération de l’après-guerre, et à nos enfants. Mais il est sans nul doute un autre devoir qui nous est imposé, plus complexe, au fond, celui-là : ce sera de veiller à ce que la lumière du foyer ne s’éteigne plus.

Nous le savons, les uniformes peuvent revenir. Sous certains cieux, ces uniformes veulent voiler la féminité ; d’autres n’ont gardé du rouge que le sang.

Il faudra que les soleils nouveaux qui se lèveront n’oublient plus la leçon des « Lumières ». Pour que la clarté, le jour soient, mieux vaut pouvoir disposer de plusieurs sources d’énergie. Nous en connaissons plusieurs : séparation des pouvoirs, laïcité, indépendance, intégrité, liberté de l’information, libre discussion, droit au travail, droit au minimum vital, séparation de la sphère privée et de la sphère publique, tolérance, respect des religions, entre autres.

Mais, en fuyant tout dogmatisme et tout souci d’exclusive, il ne nous est pas interdit d’en imaginer de nouvelles. Que votre exemple nous aide.

 

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