Claire Fernandez, Novembre 2018

Prendre un moment pour apprécier ce que nous disent les pierres, les statues, les baraques. L’homme ici a essayé de prendre le dessus sur la nature, il s’est cru omnipotent. Et pourtant, la nature se doit de reprendre ses droits.

Le parc naturel Eiffel est magnifique. Il semble protéger cet endroit qui a été l’un des trois centres de formations des cadres du parti Nazi, l’Ordensburg Vogelsang. http://www.vogelsang-ip.de/fr/startseite.html

Prendre un moment pour finalement ne pas pouvoir réconcilier ce centre important pour les hommes du « Vogelsang » et le centre touristique et pédagogique qu’il est devenu aujourd’hui.

Puiser dans la mémoire familiale et faire l’exercice mental et inutile de se demander si mon grand-père aurait pu imaginer que je visiterais un jour ce centre nazi avec mon fils et mon mari.

Visiter l’exposition sur l’histoire de ce centre d’excellence qui avait pour ambition de former l’élite de la nation.

Considérer avec amusement l’imagerie très gay de cette obsession de l’homme nu, musclé, puissant et entouré d’autres hommes.

Se demander où et qui étaient ces femmes de l’ombre, qui mettaient au service des hommes leurs talents de cuisinières, et leur utérus.

Avoir la nausée devant l’engouement des visiteurs de la cafétéria – à propos nommée « gastro » – pour des montagnes de porc et de choucroute.

Reprendre ses esprits à l’air libre pour mesurer le challenge que les organisateurs actuels du lieu doivent surmonter pour donner un sens, en ces lieux, au « plus jamais ça » : un centre d’accueil pour les réfugiés, un centre de formations et un musée de la Croix Rouge, une expo didactique et accessible à tous sur l’écosystème du parc naturel.

Comprendre à quel point il est spécial que le lieu soit dorénavant ouvert au public.

Et se rappeler que le chant des oiseaux doit reprendre le dessus sur des chants nazis ou militaires.